Révision constitutionnelle en RDC: Félix Tshisekedi ouvre le débat.

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a exprimé lors d’un meeting à Kisangani, le mercredi 23 octobre 2024, sa volonté de réviser la Constitution du pays pour l’adapter aux réalités actuelles. Cette initiative suscite de vives réactions, notamment au sein de l’opposition et de la société civile, qui y voient une manœuvre pour permettre à Tshisekedi de briguer un troisième mandat.

Lors de son discours à Kisangani, Félix Tshisekedi a clairement exprimé son intention de lancer un processus de révision constitutionnelle. Selon lui, la Constitution actuelle, adoptée par référendum en 2005 et entrée en vigueur en 2006, n’est plus en phase avec les réalités contemporaines de la RDC. « Notre constitution n’est pas bonne. Elle a été rédigée à l’étranger par des étrangers. Il faut une Constitution sur la base de nos réalités », a-t-il déclaré.

Le président réélu pour un second mandat en décembre 2023, a annoncé la création en 2025 d’une commission nationale composée de plusieurs disciplines, chargée de réfléchir sur la Constitution et de proposer les modifications nécessaires. Dans cette optique, le parti au pouvoir, l’UDPS, a déjà lancé une campagne de sensibilisation auprès de la population pour expliquer l’importance de cette révision. Cependant, l’opposition et une partie de la société civile sont sceptiques quant aux véritables motivations de cette initiative. Dans une déclaration envoyée à Anadolu, le porte-parole du plus grand parti d’opposition (NDLR, Ensemble pour la République), ce projet serait une tentative déguisée de permettre à Félix Tshisekedi de rester au pouvoir au-delà de ses deux mandats. La Constitution actuelle, à travers son article 220, limite en effet le nombre de mandats présidentiels à deux, une disposition que certains redoutent de voir modifiée. Félix Tshisekedi lors de son annonce le mercredi, n’a pas hésité à ajouter que « ce qui arrivera, arrive ».

La question de la limitation des mandats présidentiels reste l’un des points les plus sensibles de cette révision. Depuis plusieurs semaines, l’opposition et des acteurs de la société civile mettent en garde Félix Tshisekedi contre toute tentative de modification de cet article « verrouillé » de la Constitution. Hervé Diakiese, porte-parole du parti d’opposition Ensemble pour la République, accuse le président de vouloir rester indéfiniment au pouvoir. Il affirme qu’une nouvelle Constitution pourrait « remettre les pendules à zero et permettra à Félix Tshisekedi d’être candidat à vie ».

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Face à ces accusations, Tina Salama, porte-parole du président, a précisé ce jeudi 24 octobre que le projet de révision constitutionnelle n’en est encore qu’à ses débuts. Une ordonnance présidentielle devrait bientôt définir les missions et la composition de la commission chargée de plancher sur cette révision. Selon elle, il est encore trop tôt pour se prononcer sur la question des mandats présidentiels. L’option d’un référendum pour trancher sur cette question reste envisageable, mais rien n’est encore décidé à ce stade.

Au sein de la majorité présidentielle, certains estiment que cette révision est nécessaire pour affirmer la souveraineté du pays. Le député Eteni Longondo, membre de l’UDPS, affirme que la Constitution actuelle a été rédigée dans un contexte de guerre et que le pays était alors contraint de faire des compromis. Aujourd’hui, selon lui, la RDC est devenue plus forte et doit avoir une Constitution qui garantit pleinement sa souveraineté. Quant à la question des mandats, il estime que c’est au peuple congolais de trancher, notamment en décidant s’il souhaite prolonger la durée des mandats de cinq à sept ans, par exemple.

Estelle Goundjo

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