La Côte d’Ivoire reste encore dans la ligne de mire de la Cour Pénale Internationale (CPI). Après les enquêtes sur le camp de l’ex-président, Laurent Gbagbo, dans le dossier violences post-électorales entre 2010 et 2011, c’est le tour du camp de Guillaume Soro, soutien de l’actuel président Alassane Ouattara à l’époque.
Estelle Goundjo
Une enquête toujours active, malgré les défis
La CPI a annoncé le mercredi 18 septembre 2024, la fermeture de son bureau à Abidjan d’ici au « milieu de l’année 2025 ». Très vite, le gouvernement ivoirien s’en est réjoui. « Le bureau de la CPI s’est installé ici, bien entendu avec donc l’accord du gouvernement ivoirien. S’il estime qu’il a fini sa mission ici et qu’il doit fermer, nous ne pouvons que nous en réjouir. Ça montre bien que nos juridictions nationales marchent bien et ont repris donc la place », a déclaré le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly, à l’issue d’un Conseil des ministres du 18 septembre. Mais ce n’est pas encore la fin des enquêtes de la juridiction internationale sur les violences post-électorales qui ont secoué le pays entre 2010 et 2011.
Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mandiaye Niang a confié à RFI que la deuxième phase des investigations, ouverte en 2016, se poursuit. Ce volet vise les membres de la rébellion des Forces nouvelles de l’ancien ministre Guillaume Soro, qui ont soutenu Alassane Ouattara durant les violences qui ont fait suite à l’élection présidentielle de 2010.
Selon Mandiaye Niang, le principal obstacle sur son chemin, réside dans la coopération peu fructueuse avec les autorités ivoiriennes, pour cette seconde partie des enquêtes, contrairement à la première phase de l’enquête, qui s’était concentrée sur Laurent Gbagbo et ses alliés. « L’enquête est une activité exploratoire. On explore, on suit des pistes, on identifie des gens. Mais quant à voir ces gens venir, coopérer avec nous, nous donner les preuves, quant à avoir accès à certaines informations, que ce soient des comptes-rendus téléphoniques ou autre chose (…) tout cela est un véritable parcours d’obstacles », a déclaré le procureur adjoint de la CPI. « Nous sommes une autorité d’enquête lointaine, nous devons compter sur la coopération des États », a-t-il ajouté.
La CPI « envisage de reprendre langue avec les autorités, pour voir dans quelle mesure »elles peuvent » rendre encore plus fluide cette coopération », et espère également obtenir l’aide de l’ONU.