Gabon: après 14 ans au pouvoir, Ali Bongo exprime ses regrets et plaide pour la réconciliation nationale.

L’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba, évincé du pouvoir lors d’un coup d’État militaire en août 2023, est sorti de son silence avec une lettre ouverte adressée aux Gabonais. Dans ce texte, transmis à l’AFP dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre 2024 par Me Gisèle Eyue Békalé, son avocate, l’ex-chef d’État de 65 ans annonce son renoncement définitif à la politique et demande la clémence pour sa famille. Il en profite pour faire un mea-culpa sur les insuffisances de sa gestion du pays et appelle à l’apaisement.

Estelle Goundjo 

Aux premières lignes de sa lettre aux Gabonais, Ali Bongo rappelle les circonstances douloureuses qui ont mis fin à son pouvoir. Après plus d’un an de silence, l’ex-président, qui a vu sa famille diriger le pays pendant 55 ans, admet que la population gabonaise aspire à de nouveaux dirigeants et reconnaît le besoin de changement. À cet effet, le président déchu réaffirme que sa famille n’a plus aucune ambition politique et ne fera jamais obstacle à la dynamique en place. « Je tiens à réaffirmer mon retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale. Cela vaut également pour Sylvia et Noureddin. L’idée que je me fais de mon devoir est de dire avec sincérité et honneur que je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction », écrit Ali Bongo.

Dans cette lettre qui constitue également une forme de mea culpa, l’ancien président, « pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ‘’s’’a présidence, comme également des insuffisances », assume l’entière responsabilité des échecs de son mandat et refuse que sa femme et son fils en soient des « bouc-émissaires impuissants ». C’est pourquoi, il appelle « à l’arrêt des violences et des tortures intentées contre ma famille, plus particulièrement mon épouse Sylvia et mon fils Noureddin et à leur libération ». Le « plus grand regret » d’Ali Bongo, est qu’il se rend compte que « malgré les réalisations effectuées sous ‘’s’’es mandats », « trop de Gabonais souffrent encore ». « Je souhaite de tout cœur que nous soyons en mesure de tourner la page de cette souffrance intime et nationale. Avec un seul et unique but : notre réconciliation nationale », plaide l’ex-président.

En résidence surveillée, à Libreville depuis le coup d’État du 30 août 2023, l’ancien chef d’Etat dit être « isolé du monde extérieur sans communications, sans nouvelles de ‘’s’’a famille ». Un communiqué signé par le président de la transition, le général Oligui Nguema en septembre 2023, a indiqué qu’Ali Bongo Ondimba, est « libre de ses mouvements » et « peut se rendre, s’il le souhaite, à l’étranger ».

Le renversement d’Ali Bongo a marqué la fin d’une dynastie familiale qui a régné sur le Gabon pendant 55 ans. Le nouveau pouvoir, reproche à la famille Bongo d’avoir massivement détourné des fonds publics et d’avoir manipulé Ali Bongo, affaibli depuis son AVC survenu en 2018. Ces accusations ont conduit à l’arrestation et à l’inculpation de Sylvia et Nourreddin Bongo pour des faits qualifiés de « gravité extrême » par le gouvernement en place. Si Noureddin Bongo est poursuivi pour « corruption » et « détournements de fonds publics », Sylvia Bongo est accusée de « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux ».

À l’international, les avocats français de la famille Bongo ont déposé en mai 2024 une plainte à Paris pour « arrestation illégale » et « séquestration aggravée par des actes de tortures et de barbarie ». Cette plainte fait suite à une première procédure, classée sans suite en octobre 2023. Toutefois, le pouvoir gabonais qualifie ces accusations de « dénonciations calomnieuses et mensongères ».

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