Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara en tête-à-tête avec Emmanuel Macron pour un réexamen stratégique à l’Elysée.

A la faveur d’un << dîner privé >>, ce vendredi soir, le président français, Macron, et son homologue ivoirien, Ouattara, se pencheront sur certains sujets d’intérêt public. Pour Paris, l’heure est à une nouvelle étude de terrain.

Gineste TOSSOU DEGBE

Au menu des échanges entre Macron et Ouattara, des préoccupations de divers ordres comme la sécurité et la diplomatie. Alors que le Sahel est touché par une succession de putschs, la France a revu sa position militaire dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest. En témoigne le retrait de la force antidjihadiste Barkhane intervenu, fin 2022, suite à la prise de pouvoir orchestrée par des militaires notamment au Mali et au Burkina Faso. Voilà qui a sonné le glas d’une décennie d’intervention militaire française visant à juguler la crise sécuritaire liée à la présence massive des groupes terroristes comme Al-Quaïda et l’Etat islamique, encore appelé Daech.

Quelques mois plus tard, Niamey est entré dans la danse. Avec le coup d’Etat au Niger, le 26 juillet 2023, renversant le président Mohamed Bazoum, la France s’est davantage retrouvée sur la reculade face aux « régimes kaki » dans la sous-région ouest-africaine.

Sous la houlette du Colonel Assimi Goïta (Mali), du Capitaine Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et du Général Abdourahamane Tiani (Niger), la position des autorités militaires s’est davantage endurcie avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) le 16 septembre 2023.

Fin janvier 2024, les chefs putschistes de ces trois pays ont de nouveau affiché leur intention de conjuguer leurs efforts lorsqu’ils ont annoncé leur sortie sans délai de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En vue de mieux se serrer les coudes contre l’ennemi commun que constitue le terrorisme, deux des trois pays sahéliens que (le Mali et le Burkina Faso) se sont tournés vers la Russie pour une coopération militaire.

A contrario, entre la France et la Côte d’Ivoire, la coopération militaire semble tourner rond. Six cents (600) soldats français sont présents au pays d’Alassane Ouattara. A l’instar de la Côte d’Ivoire, d’autres pays du continent africain continuent d’héberger des militaires de l’Hexagone. Trois cent cinquante (350) au Sénégal ; idem au Gabon. Mille (1000) au Tchad et environ mille cinq cents (1500) sont basés à Djibouti. A y voir de près, Yamoussoukro reste l’un des partenaires privilégiés de Paris en vue d’une restructuration des forces en présence en Afrique de l’Ouest. 

Des partenaires stratégiques dans le viseur

En vue de mieux harmoniser sa politique étrangère en Afrique, Emmanuel Macron a nommé, courant février dernier, Jean-Marc Bockel pour aller rencontrer les partenaires africains de l’Hexagone. Une nouvelle mission qui est censée conduire « l’envoyé personnel » d’Emmanuel Macron » à entrer en pourparlers avec des dirigeants du continent pour l’adoption éventuelle de nouvelles stratégies militaires. A ce sujet, l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération de l’ex-président français Nicolas Sarkozy s’attelle depuis peu à la tâche.

Au cours de son périple, l’ex-maire de Mulhouse, une commune française située dans le Sud de l’Alsace, s’est déjà rendu dans certains pays africains accueillant des bases françaises.

A l’issue de son voyage en Côte d’Ivoire, fin février dernier, l’envoyé spécial du président Macron a, de façon succincte, décliné l’objectif de sa mission en terre ivoirienne : << L’esprit, c’est de venir avec des propositions, une écoute et ensuite un dialogue qui aboutisse à un accord gagnant-gagnant pour les deux parties >>, a expliqué Jean-Marc Bockel, à Abidjan, au terme des échanges avec les autorités locales.

A l’instar de leurs pairs de la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Gabon ont aussi reçu l’émissaire du président Macron. Le Sénégal, dont le premier tour de la présidentielle se tient ce dimanche, est aussi inscrit dans le même ordre d’idées.

Les recommandations de « l’envoyé personnel » du chef de l’Etat français sont attendus pour mi-juillet 2024. Mais, avant une revue partielle des troupes semble nécessaire pour le pensionnaire de l’Elysée.

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