Nous sommes à l’orée des prochaines élections au Bénin, et les duos candidats à l’élection présidentielle sont connus. Parmi ce groupe très restreint, Romuald Wadagni, le candidat de la mouvance, réduit ses chances aux prochaines élections selon l’analyste politique Marcel Zounmenou. Cette diminution résulte, selon l’analyste, du message véhiculé par son discours.
Les duos prétendants à la prise en charge du gouvernement béninois sont officiellement connus. Romuald Wadagni, actuel ministre de l’Économie, représente la mouvance présidentielle dans l’arène électorale. Au cœur des discours, l’opposition prône une politique visant à égaliser les chances et à permettre une meilleure subsistance sociale, que le gouvernement actuel a négligé. Pour la mouvance, Romuald Wadagni met en avant la continuité de la dynamique entreprise depuis 2016, cette fois avec un regard plus jeune. Le directeur de publication du quotidien « Le Patriote », Marcel Zounmenou, émet des réserves quant à ce discours du candidat. En tant qu’analyste politique, il estime que le discours de Romuald Wadagni réduit ses chances de succéder à Patrice Talon en 2026.

La rupture a fait des « frustrés »
Marcel Zounmenou souligne que, prôner la continuité d’un gouvernement qui a créé autant d’aigris et de « frustrés » constitue une « erreur ». S’il maintient cette ligne, il « ne voit pas par quel miracle Wadagni pourra s’en sortir « . Le motif est simple. «Beaucoup, même dans le système de la majorité présidentielle, sont des frustrés», précise-t-il. Selon le journaliste, ces frustrés se répartissent sur quatre niveaux. «La première catégorie de frustrés, ce sont d’abord les leaders eux-mêmes», explique-t-il. Ils se sont longtemps démenés et à l’apogée le choix ne se porte pas sur eux malgré leurs efforts. Vient ensuite la deuxième catégorie qui concernent les intellectuels. «Ceux là qui sont dégoûtés par le fait qu’ils se retrouvent dans un système où ils ne peuvent même pas dire ce qu’ils pensent». Dans ce cadre, Marcel Zounmenou indique avoir rencontré de nombreuses personnes de l’UP après les élections de 2023. Ces dernières lui ont avoué, à Cotonou, avoir voté pour les Démocrates. «C’est nous, les militants de UP là, qui avons voté contre notre parti pour montrer notre mécontentement», confie-t-il. La troisième catégorie regroupe ceux qui, pendant neuf ans, ont milité dans ces partis en espérant être nommés ou en espérant avoir un bout de marché public et qui n’en n’ont pas eu. Enfin, la dernière catégorie rassemble les parents des gens qui sont en prison, les parents des gens qui sont tués, les parents des gens qui sont poussés à l’exil. Il y a aussi les parents des gens dont on a arraché les bien, les époux ou épouses, les gens qui ont perdu leur boulot, leurs affaires, ceux dont les comptes sont gelés, les gens qui ont été victimes du système néolibéral méchant instauré par le régime Patrice Talon.

Une continuité peu reluisante
Dans un contexte marqué par tant de personnes « frustrés », se présenter comme le candidat de la continuité compromet la campagne de Romuald Wadagni. Faire de la continuité le fondement de son discours revient à vouloir prolonger un « système néolibéral […] qui ont aujourd’hui fait des béninois, des zombies […] des gens privés du minimum aujourd’hui ». Dans un pays traversé par les ressentiments et la pauvreté croissante, ce message de continuité risque d’affaiblir drastiquement sa candidature, avertit Marcel Zounmenou.
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