C’est une déflagration politique peu attendue à quelques mois de la présidentielle au Cameroun. Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, a présenté sa démission le 24 juin 2025, et rompt avec le régime du président Paul Biya dont il fut pourtant un allié historique. Moins de 24 heures plus tard, il se déclare candidat à l’élection présidentielle, dans un communiqué qui dénonce les dérives du pouvoir en place.
Issa Tchiroma claque la porte du gouvernement et vise la présidence
Dans une lettre adressée au Premier ministre Joseph Dion Ngute, Issa Tchiroma annonce son départ du gouvernement avec effet immédiat. Il y invoque un « impératif moral » et « les attentes profondes de nos populations ». Sans accuser frontalement Paul Biya, il précise n’agir ni par « désaveu personnel » ni par « calcul politicien ». Ce départ, à seulement quatre mois du scrutin, marque la fin d’une longue fidélité politique, souvent critiquée comme un soutien sans faille au régime.
L’ancien ministre, également président du FSNC (Front pour le salut national du Cameroun), tourne donc la page après avoir occupé de nombreux postes ministériels depuis les années 1990. Sa démission prend une dimension politique forte, alors que le pays entre dans une phase électorale.
À peine sorti du gouvernement, Issa Tchiroma prend la parole à travers une « Lettre aux Camerounais » de 24 pages. Dans ce texte, il se positionne comme un opposant au système auquel il a longtemps participé. Il rend hommage aux « pères fondateurs de la nation », tout en alertant contre « le péril d’un régime à bout de souffle ». Il y reconnaît ses années dans le pouvoir, qu’il dit avoir observé avec lucidité : « J’ai connu le pouvoir et j’en ai mesuré les limites ». Le passage le plus marquant reste sans doute sa critique implicite du président Paul Biya : « Un pays ne peut exister au service d’un homme. Il doit vivre au service de son peuple ».
Ancien, collaborateur de Paul Biya, son premier challenger ? Pour le moment, le plus vieux président africain nourrit de doute sur sa candidature à la prochaine élection.
