Les européens se sont retrouvés pour une réunion informelle à Paris ce lundi pour réfléchir à comment répondre aux initiatives des États-Unis qui accélèrent dans le dossier concernant l’Ukraine et la Russie. Ce rendez-vous de chefs d’États européens a été fixé après les propos jugés offensants du vice-président américain J.D. Vance à l’endroit de ses alliés européens à Munich, en Allemagne.
Une dizaine de dirigeants européens sont présents à la réunion informelle de Paris: les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN.
Au lendemain des sorties du vice-président américain, les réactions se sont fait entendre. Hier, le Premier ministre britannique a affirmé son engagement à envoyer des soldats en Ukraine en cas de nécessité. À sa suite, le ministre des Affaires étrangères de la Suède, Maria Malmer, a également réagi. Il a déclaré à la radio publique Sveriges Radio que « nous devons d’abord négocier maintenant une paix juste et durable qui respecte le droit international (…) Quand nous aurons cette paix installée, il faudra la maintenir et, pour cela, notre gouvernement n’exclut rien ».
Les opinions divergent en Europe
Tous les États européens ne sont pas pour cette réunion. C’est le cas de la Hongrie, dont le gouvernement qualifie cette assise de « pro-guerre ». « Aujourd’hui, à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, lors d’une conférence de presse au Kazakhstan. Au micro de la radio NRK, le Premier ministre norvégien, de son côté, estime que « ce n’est pas encore le moment de tirer des conclusions sur la manière dont une garantie de sécurité devrait être formulée et sur le type de contribution à y apporter ».
Les voix s’opposent
L’Allemagne juge prématurées les discussions autour d’un éventuel envoi de troupes militaires européennes en Ukraine. « Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises sur le fait que nous devions d’abord attendre de voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine », a déclaré Christiane Hoffmann, une porte-parole du gouvernement allemand. Elle a ajouté que c’est après cette observation que les discussions sur les conditions et la manière dont cela peut être organisé suivront. L’Espagne juge aussi « tôt » le déploiement de troupes militaires en Ukraine. «Il est trop tôt pour le moment pour parler de déploiement de troupes en Ukraine. Il n’y a pas de paix actuellement », et le souci principal « doit être d’y parvenir dès que possible ».
La Pologne a également exprimé ses craintes sur l’éventuel envoi de troupes militaires en Ukraine comme avancé par le Premier ministre britannique. L’État polonais soutient certes l’Ukraine, mais pour le Premier ministre Donald Tusk, l’Europe ne fait pas le poids face à la puissance militaire de la Russie. Il insiste sur le fait que les capacités de défense des Européens devraient être renforcées. « Nous ne serons pas en mesure d’aider efficacement l’Ukraine si nous ne prenons pas immédiatement des mesures concrètes concernant nos propres capacités de défense », a affirmé le Premier ministre polonais.
Berlin réaffirme son opposition à toute volonté de déploiement de soldats en Ukraine alors qu’un cessez-le-feu est en train d’être négocié. Une source gouvernementale allemande dit qu’il n’y aura pas de déploiement militaire en Ukraine « sans l’engagement total des États-Unis ». La source a été claire en disant que l’Allemagne ne participera « pas à des scénarios dans lesquels la sécurité européenne et américaine se dissocieraient, par exemple si des soldats européens étaient déployés sans engagement total des États-Unis ».
Pendant que l’Europe se divise, les pourparlers entre la Russie et les États-Unis démarrent demain à Riyad en Arabie-Saoudite, sans l’Europe et l’Ukraine.
