Le journaliste Seyni Amadou, rédacteur en chef de la chaîne de télévision Canal 3 Niger, a été arrêté et placé en garde à vue dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2025, à la police judiciaire de Niamey. Cette interpellation intervient après la suspension de la chaîne pour un mois, par les autorités.
À travers l’arrêté ministériel, 000002/MCP/EN/SG/DCom/DL, le ministre de la communication, des postes et de l’économie numérique, Mohamed Raliou, a annoncé ce vendredi 17 janvier 2025, par arrêté, la suspension de la chaîne privée Canal 3 Niger pour un mois ainsi que le retrait de la carte professionnelle de son rédacteur en chef, Seini Amadou. Aucun détail n’a été donné sur les motifs de ces suspensions. Mais elles interviennent juste au lendemain de la diffusion par la chaîne, d’un baromètre, qui classe les membres du gouvernement en fonction de leurs performances dans l’exécution de leurs missions, le 16 janvier 2025.
Le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zene, ministre de l’Économie et des Finances, a été désigné comme le leader de ce classement. La suspension du média, prononcée par les autorités, a suscité beaucoup de réactions. Le président du Réseau des Radios et Télévisions du Niger (RRTN), Ali Idrissa Nani dénonce « une décision très grave pour la liberté de presse ». « Le ministre de la Communication n’a aucun droit ni pouvoir de fermer un média. Le seul organe habilité à prendre de telles mesures reste le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) », a-t-il posté sur les réseaux sociaux.
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Selon Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de Reporters sans frontières (RSF), ce baromètre de Canal 3 est un outil légitime d’analyse. « Il s’agit d’un exercice de radioscopie des performances des ministres, une démarche qui reflète leur obligation de rendre compte au peuple », a-t-il expliqué. RSF considère ces sanctions comme disproportionnées et estime qu’elles portent atteinte à la liberté de la presse. « Le retrait de la carte de presse, la convocation à la police judiciaire et la suspension de Canal 3 représentent des abus de pouvoir », a déclaré RSF.