Bola Tinubu est à Paris depuis le jeudi 28 novembre pour une visite d’État de deux jours. Accompagné d’une délégation d’opérateurs économiques nigérians, il espère concrétiser des promesses d’investissements de la part de Paris. Mis en difficulté dans ses anciennes colonies francophones, Emmanuel Macron semble désormais vouloir miser sur le Nigeria pour conquérir de nouveaux marchés et repositionner les intérêts français en Afrique.
C’est une première depuis 24 ans. Après Olusegun Obasanjo en 2000, Paris reçoit le président Bola Tinubu pour une visite de travail. Accompagné de son épouse, Tinubu a été accueilli avec les honneurs militaires aux Invalides, en présence du couple présidentiel français. Selon les informations, les discussions entre Emmanuel Macron et Bola Tinubu s’articuleront autour de nouveaux axes stratégiques, notamment l’agroalimentaire, les nouvelles technologies, la transition énergétique et le secteur bancaire.
Mais cette visite n’est pas seulement une affaire de chiffres et de contrats. Elle intervient dans un contexte où la France doit faire face à des revers au Sahel, où son autorité a été contestée. En se rapprochant du Nigeria, Emmanuel Macron espère redéfinir sa politique africaine, en mettant l’accent sur des partenariats économiques solides plutôt que sur des interventions militaires. Le Nigeria, avec sa position géographique et économique, pourrait devenir un laboratoire pour tester cette nouvelle approche, un modèle de coopération gagnant-gagnant.
Faut-il le rappeler, depuis plusieurs années, la France est confrontée à une série de revers dans ses relations avec les pays du Sahel. Après le retrait militaire précipité du Mali, du Burkina Faso et plus récemment du Niger, Emmanuel Macron semble miser sur de nouveaux partenaires pour préserver l’influence française sur le continent africain. Dans ce contexte, le Nigeria, première puissance démographique et pilier de la CEDEAO, s’impose comme un interlocuteur incontournable.
Avec 227 millions d’habitants aujourd’hui et une population projetée à 410 millions d’ici 2050, selon l’ONU, le Nigeria représente un marché considérable et une force incontournable dans la région. À cela s’ajoute son rôle central en tant que plus grand producteur de pétrole d’Afrique et sa capacité à influencer les dynamiques régionales, que ce soit sur le plan économique ou géopolitique.
Josué Kpogla