Ce n’était pas la fin des surprises désagréables pour la France dans la région du Sahel. Alors que la métropole digère encore la révolte de ses anciennes colonies réunies en une alliance dans le Sahel, elle devra encore faire face à une nouvelle contrainte diplomatique. Le Tchad a annoncé ce jeudi 28 novembre 2024, la rupture de ses accords militaires vieux de près de 50 ans avec Paris, révisé en 2019. Une décision inattendue pour la France, mais prise, après « une analyse approfondie », selon N’Djamena.
L’annonce de la rupture des accords militaires entre le Tchad et la France a été faite alors même que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se trouvait en visite officielle à N’Djamena. Le diplomate français a été reçu par le président Mahamat Idriss Deby. Les discussions entre les deux, avaient principalement porté sur la coopération sécuritaire entre les deux pays et la situation des réfugiés soudanais.
Selon la présidence tchadienne, le chef de l’État ne veut plus de cet accord. Il invite par ailleurs « à transcender la coopération traditionnelle entre la France et le Tchad dans laquelle prédomine l’aspect sécuritaire » pour explorer des collaborations dans des secteurs comme l’éducation, l’agriculture et l’économie. Il « est temps que le Tchad affirme sa souveraineté pleine et entière, et redéfinisse ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », défend Abderahmane Koullamala, ministre tchadien des affaires étrangères dans un communiqué.
Quid du contexte de cette tension diplomatique ?
Cette décision de rupture de coopération militaire intervient dans un climat de tensions croissantes entre Paris et N’Djamena. Le parquet national financier (PNF), une institution judiciaire française avait ouvert en juillet 2024, une enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics visant Mahamat Déby. Le président tchadien aurait utilisé environ 900 000 euros pour des dépenses personnelles en France, ce qui a terni l’image de coopération entre les deux pays. Juste après cette annonce, le président Mahamat Déby a annulé une visite en France ; signe de son mécontentement ? Par ailleurs, la France n’a pas apporté de soutien direct au Tchad lors de l’opération militaire Haskanite lancée contre Boko Haram en octobre dernier, ce qui a renforcé le sentiment d’abandon parmi les autorités tchadiennes.
