Depuis plusieurs semaines, les rumeurs autour de la santé du président camerounais, Paul Biya, suscitent une grande agitation, tant sur les réseaux sociaux que dans les médias locaux et internationaux. À 91 ans, le chef de l’État camerounais, qui dirige le pays depuis plus de quatre décennies, n’a pas assisté à plusieurs événements internationaux majeurs, ce qui laisse place à des spéculations sur son état de santé. Face à la pression médiatique, le gouvernement camerounais tente de faire taire les débats sur ce sujet qui fait l’actualité dans le pays.
La première vague de spéculations est apparue après l’absence de Paul Biya à l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue à New York en septembre 2024. Peu après, le président n’a pas non plus assisté au sommet de la Francophonie à Paris, en octobre. Ces absences répétées, qui ne sont d’ailleurs pas de ses habitudes, ont alimenté les inquiétudes sur l’état de santé du dirigeant. La situation s’est encore aggravée lorsqu’une vidéo diffusée par la chaîne de télévision privée « Africa Broadcasting Service » (ABS), basée à Houston, aux États-Unis, a affirmé que le président camerounais serait décédé. Cette chaîne est dirigée par un leader séparatiste anglophone en exil, ce qui a renforcé les suspicions sur la véracité des informations transmises.
La réponse du gouvernement camerounais
Face à l’intensification des rumeurs, le ministre de la Communication, René Sadi, a réagi le 7 octobre 2024, en publiant un communiqué officiel pour démentir catégoriquement ces affirmations. « Le président Paul Biya se porte bien et continue de vaquer à ses occupations depuis son séjour privé en Europe », a-t-il affirmé. Il a qualifié les rumeurs de « manœuvres de désinformation » et a invité la population à ne pas se laisser distraire par ces informations infondées. Le communiqué précise que le président est « en bonne santé » et qu’il « rejoindra le Cameroun dans les prochains jours ». Sauf que ce communiqué n’a pas suffire pour faire taire les débats sur la toile. Et au gouvernement de passer à une vitesse supérieure.
En effet, une note ministérielle datée du 9 octobre a été envoyée aux gouverneurs régionaux, interdisant tout débat public sur l’état de santé du président. Le document, signé par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, stipule que « le chef de l’État est la première institution de la République » et que les discussions sur son état de santé relèvent de la « sécurité nationale ». « Tout débat dans les médias sur l’état du président de la République est par conséquent, formellement interdit » et « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi », poursuit ladite note.
Depuis plusieurs années, Paul Biya, le président du Cameroun, limite ses apparitions publiques, se réservant à des discours télévisés et quelques événements soigneusement sélectionnés. Le président de 91 ans en fonction depuis plus de 40 ans est de plus en plus critiqué quant à ses capacités à diriger le pays.
Estelle Goundjo