Le Bénin a justifié sa réticence à déployer ses 2000 militaires en Haïti, dans le cadre de la mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), soutenue par l’ONU. Dans une récente interview avec le média américain Miami Herald, le ministre des Affaires étrangères, Shegun Adjadi Bakari a expliqué que cette réticence est liée à une exigence de Cotonou concernant la structure du commandement de la mission.
Josué Kpogla
Le Bénin pose une condition sine qua non pour sa participation à la mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMAS). « Haïti ne nécessite pas une simple mission de police. Nous pensons qu’une intervention militaire est indispensable pour venir à bout des gangs armés qui sévissent dans le pays », a déclaré le chef de la diplomatie béninoise.
Tout en réaffirmant l’engagement du Bénin à prendre part à cette mission, le ministre a suggéré que la force de sécurité soit une combinaison de militaires et de policiers, à défaut d’être exclusivement composée de militaires. « Nous savons tous qu’il est impossible pour des policiers de régler ce problème. On ne peut pas demander à une armée d’être dirigée par des policiers. Ils ne sont pas préparés à mener ce type d’opération. c’est une guerre pure, nous le savons », a-t-il insisté.
Le chef de la diplomatie béninoise a également annoncé qu’une réunion diplomatique avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, au cours de laquelle le Bénin réitérera ses préoccupations, est prévue ce mois.
Pour rappel, le déploiement de la MMAS a été autorisé par le Conseil de sécurité des Nations Unies en octobre 2023, dans le but de soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre les gangs armés, qui contrôlent une grande partie de la capitale. Le Kenya, qui a accepté de diriger la mission, avait prévu d’envoyer 1000 officiers de police. Toutefois, des obstacles judiciaires à Nairobi et des problèmes de financement à Washington ont retardé l’opération, et seulement 400 policiers kenyans ont été déployés à ce jour.
