La consommation des boissons alcoolisées en sachets plastique au bénin connait une croissance qui inquiète les autorités depuis quelques années. Elle est aujourd’hui une pratique courante chez bons nombres de personnes qui ignorent les dangers sanitaires que cela comporte.
Brunelle Aza
Ces différentes boissons alcoolisées qui sont dans le viseur des autorités sont communément appelées Azota, Tiger, Pastis et autres. Ils sont pour la plupart importés des pays voisins, comme le Togo et le Nigeria. Malheureusement, commerçants et consommateurs ignorent les conséquences sanitaires liées à leur consommation.
Malgré l’interdiction de l’importation et de la commercialisation de ces produits, ils pullulent toujours sur les étalages et dans les kiosques. Ces boissons alcoolisées semblent être populaires pour plusieurs raisons. Pour les commerçants, elles sont à la fois faciles à vendre et rentables, offrant des marges bénéficiaires élevées. « Sur un carton de 50 sachets, je peux gagner jusqu’à 70 % de bénéfice sur le prix d’achat », affirme une vendeuse de divers.
Les consommateurs les apprécient pour leur rôle en tant que stimulants d’appétit et pour leur capacité à fournir un coup de pouce énergétique, que ce soit avant les repas ou pour rester éveillé lors de longues nuits de conduite. « Comme tous les restaurants n’offrent pas l’apéritif avant le repas, moi j’ai toujours mon sachet de liqueur que je prends avant de manger, en plus c’est facile à empocher », nous a confié un jeune consommateur de la vingtaine. « Pour conduire la nuit, je prends un sachet de liqueur pour rester en éveil. Je trouve ma forme et l’énergie nécessaires pour conduire jusqu’au petit matin avant de rentrer à la maison me reposer », confesse pour sa part un conducteur de taxi moto.
Cette polyvalence et commodité contribuent à leur succès commercial. Selon Masturi Kelly MARCOS, médecin généraliste, la composition chimique de ces boissons est la cause principale de plusieurs maladies. « La consommation de l’alcool sur la santé peut avoir plusieurs risques et comme conséquence, nous avons l’hypertension artérielle, les hépatites de cause d’origine alcoolique qui peuvent conduire également au cancer du foie. Nous pouvons avoir entre l’hypoglycémie, l’insomnie et les traumatismes cérébraux ainsi que des troubles psychiatriques à long terme », explique-t-elle.
Il faut rappeler que la ministre béninoise de l’industrie et du commerce, Alimatou Shadiya Assouman avait prononcé, le vendredi 17 mai 2024, l’interdiction de la production, l’importation et la distribution des boissons alcoolisées conditionnées en sachet plastique. « Sont considérées comme boissons alcoolisées, les boissons obtenues par distillation ou par fermentation telles que le vin, le cidre, la bière et toute autre boisson produite de façon artisanale ou industrielle qui contient de l’éthanol », peut-on lire dans l’arrêté ministériel qui indique aussi que « tout contrevenant (…) sera puni conformément aux textes en vigueur ».
Force est de constater que même à la suite de ce décret, plusieurs commerçants continuent de faire circuler ces produits frelatés dans la clandestinité. Le dernier cas démasqué s’était produit à Kouandé. La direction départementale de l’industrie et du commerce (Ddic) de l’Atacora-Donga a fait une saisie record de 1400 sachets de boissons alcoolisées. Il s’agissait des sachets de 50 ml dont la totalité équivaut à près de 59 cartons.