Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont conjointement adressé une lettre au Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour dénoncer le soutien présumé de l’Ukraine aux groupes terroristes opérant dans la région du Sahel. Cette action intervient après des déclarations « subversives’’ faites par des responsables ukrainiens après la mort de plusieurs soldats maliens dans une attaque perpétrée par des terroristes, dans la nuit du 27 au 28 juillet à Tinzawatène, une localité située au nord du Mali.
Estelle Goundjo
Dans leur lettre au Conseil de Sécurité des Nations Unies, les trois pays du Sahel, désormais unis au sein de la Confédération des États du Sahel, ne mâchent pas leurs mots. Ils affirment avoir été profondément choqués par les déclarations de hauts responsables ukrainiens, notamment celles d’Andry Yusov, porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire. « Nous avons été désagréablement surpris par les propos subversifs de Monsieur Andry Yusov, Porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire, avouant l’implication de l’Ukraine dans l’attaque lâche, traite et barbare, les 24, 25 et 26 juillet 2024, des groupes armés terroristes ayant causé la mort d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité maliennes à Tinzawatène, au Mali, ainsi que des dégâts matériels importants. Ces déclarations ont été confirmées par Monsieur Yurii Pyvovarov, Ambassadeur de l’Ukraine au Sénégal, qui a ouvertement et sans la moindre équivoque, exprimé le soutien de son pays au terrorisme international, particulièrement au Sahel », peut-on lire dans ladite correspondance.
Pour les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger, ces déclarations constituent non seulement une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures des États du Sahel, mais aussi une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ces nations.
Un appel au Conseil de Sécurité pour des actions concrètes
Face à la gravité des faits dénoncés, les ministres des Affaires étrangères des trois pays appellent le Conseil de Sécurité des Nations Unies « à prendre ses responsabilités face au choix délibéré de l’Ukraine de soutenir le terrorisme, fléau dont le rejet fait l’unanimité au plan international dans toutes ses formes et manifestations ». Ils insistent sur le fait que les actes revendiqués par l’Ukraine mettent en péril non seulement la stabilité du Sahel, mais aussi celle de l’ensemble du continent africain.
Notons que face aux propos ‘‘subversifs’’ tenus par les deux responsables ukrainiens, les autorités maliennes ont déjà pris plusieurs décisions à savoir la rupture, avec effet immédiat, des relations diplomatiques entre la République du Mali et l’Ukraine, la saisine des autorités judiciaires compétentes, la prise de mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali, à partir d’Etats africains, notamment à partir d’Ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région, et l’alerte formelle lancée aux instances régionales et internationales, ainsi qu’aux États qui soutiennent l’Ukraine dans la guerre contre la Russie.