Au Nigéria, les manifestations contre la mauvaise gouvernance et les difficultés économiques ont viré au drame ce jeudi. Au moins treize personnes ont perdu la vie et plusieurs autres ont été arrêtées, a annoncé l’ONG Amnesty International, qui accuse les forces de l’ordre d’avoir tué des manifestants pacifiques.
Des affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté lors des manifestations de masse contre la crise économique du pays, a déclaré ce vendredi le groupe de défense des droits de l’homme Amnesty International. Les autorités, de leur côté, ont indiqué qu’un policier avait été tué et plusieurs autres blessés.
« Nos éléments, à ce stade, montrent que là où il y a eu des morts, des membres des forces de sécurité ont délibérément usé de tactiques visant à tuer alors qu’ils faisaient face à des rassemblements de personnes dénonçant la faim et la grande pauvreté », a écrit l’ONG.
Les autorités ont également rapporté que quatre autres manifestants ont été tués et 34 blessés par une bombe dans l’État de Borno, au nord-est du pays, où la plus longue guerre du monde contre le militantisme a laissé des millions de personnes déplacées et affamées. Pendant ce temps, plus de 300 manifestants ont été arrêtés, et des couvre-feux ont été imposés dans quatre États du nord après le pillage de biens gouvernementaux et publics, précise la police nigériane.
Le chef de la police nationale, Kayode Egbetokun, a déclaré jeudi soir que la police était en alerte rouge et pourrait demander l’aide de l’armée. « Nous avons placé toutes les unités en alerte rouge pour répondre à des menaces à la sécurité et à l’ordre public », a indiqué le chef de la police dans un communiqué publié sur X.
Pour rappel, les représentants du gouvernement, en réaction à l’annonce des manifestations, avaient invité la population à laisser le temps aux réformes de porter leurs fruits, dressant la liste des aides proposées pour atténuer les difficultés économiques, notamment l’augmentation du salaire minimal et la livraison de céréales dans les États du pays. Cependant, les instigateurs de la manifestation ont promis d’aller au bout de leur action, malgré les avertissements des autorités.
Josué KPOGLA