Ce mardi 16 janvier 2024, cela fait exactement 47 ans que le Bénin subissait sa première agression étrangère depuis les indépendances. En début de matinée, un groupe de mercenaires commandé par le français Bob Denard ont pris d’assaut la ville de Cotonou dans le dessein de mettre fin au pouvoir révolutionnaire de Mathieu Kérékou. 47 ans après, le souvenir de cette agression qui a fait des morts demeure.
« Ainsi donc, un groupe de mercenaires à la solde de l’impérialisme international aux abois, a déclenché depuis ce matin à l’aube une agression armée contre le peuple béninois héroïque et sa révolution démocratique et populaire en attaquant la ville de Cotonou ». C’est avec ces propos tenus en direct sur la Radio Nationale que le président Mathieu Kérékou alertait la population sur l’« opération crevette » que dirigeait le mercenaire Français Bob Denard.
Le 16 janvier 1977, aux environs de 07 heures, un avion DC-7 se posa sur la piste de l’aéroport de Cadjèhoun, à l’improviste. À bord, se trouvaient une centaine de mercenaires lourdement armés qui débarquaient aussitôt avec une fusillade. C’était le début de l’agression armées étrangère à l’allure d’un coup d’Etat. Car les envahisseurs qui ont réussi à sortir de l’aéroport, se dirigeaient vers deux points stratégiques de la ville de Cotonou: le palais de la Marina et le camp Ghézo.
L’armée dahoméenne que dirigeait le président Mathieu Kérékou en personne n’a pas fait attendre la riposte. Alors que les rues de Cotonou étaient vides et que la population dormait encore, les deux parties se sont âprement combattu. Bob Denard et sa troupe, qui comptaient sur leur supériorité numérique pour venir à bout de l’armée de Mathieu Kérékou, se sont heurtés à des troupes nord-coréennes qui étaient présentes à Cotonou dans le cadre d’un accord de coopération militaire.
Très vite, les assaillants vont rebrousser chemin. L’opération prenait visiblement plus de temps que ce n’était prévue. Après plus de trois heures de combats, Bob Denard et ses hommes sont pris en déroute et se sont rapidement replier sur l’aéroport où l’avion DC-7 à bord duquel ils sont venus du Gabon tournait déjà ses moteurs. Dans la précipitation, Bob Denard embarque avec une partie de ses hommes, abandonnant sur le tarmac de l’aéroport quelques mercenaires blessés, des armes et de la logistique.
Depuis lors, les Béninois se souviennent chaque 16 janvier de cette grande victoire sur l’impérialisme international. Même si l’affrontement des mercenaires s’est soldé par une dizaine de morts du côté béninois, l’armée et la population civile se sont toujours targué d’avoir réussir à contenir les ardeurs des agresseurs en l’espace de quelques heures, répondant ainsi à l’appel du président Kérékou qui invitait chaque citoyen à « se considérer et se comporter comme un soldat au front, engagé dans un combat sacré pour sauver la patrie en danger ».
Pour perpétuer ce souvenir dans l’esprit des générations actuelles et celles à venir, il est érigé le monument de la Place des Martyrs (rebaptiser Place du Souvenir) à Cotonou. Désormais, c’est là que chaque année, le Bénin et son armée se rappellent de leurs enfants tomber au front dans la défense de la patrie. « Ce sont des moments qui nous rappellent que nous devons par devoir, continuer à défendre l’intégrité de notre pays, jusqu’à la dernière goutte de sang », avait déclaré le chef d’état-major général des Force armée béninoises, le Général de Brigade Fructueux Gbaguidi, le 16 janvier 2023.
Keneth EGANHOUI